Par exemple : Que sait-on de la mémoire ?
Un des aspects essentiels de notre conscience et de notre vie quotidienne.
La dégradation de la mémoire empêche le sujet de se situer correctement dans l’espace mais aussi dans sa propre histoire. Elle prive également d’une grande partie de ce qui constitue la personne elle-même, son identité, ses souvenir, son savoir, ses liens sociaux et bien d’autre chose. Au final, le handicap qui en résulte est majeur.
La mémoire n’est pas une capacité ou un organe unique ou isolé, mais comporte bien de nombreuses facettes :
- La mémoire déclarative :
Les spécialistes appellent ce type de mémoire ainsi car elle contient des informations telles que celles que l’on peut énoncer verbalement.
Comme sa date de naissance, l’adresse de notre logement, le temps de cuisson d’un plan, ce que nous avons mangé la veille et de bien d’autres éléments plus complexes. L’essentiel étant de pouvoir l’énoncer avec des mots.
- La mémoire procédurale :
Ce type de mémoire concerne le savoir-faire ; lorsqu’on a appris à faire du vélo, à nager ou à jouer d’un instrument de musique, on ne l’oublie pas, même si, en l’absence de pratique, l’habileté diminue avec le temps.
Mais alors quels peuvent être les mécanismes liés à l’apprentissage et la mémoire ?
Y aurait-il des points communs entre les différents types de mémoire ?
Au début du XXe siècle en Allemagne, un certain Richard Semon, avait proposé l’existence d’éléments qu’il nomma les «engrammes» (gravés à l’intérieur). Plus tard, l’américain Karl Lashley a cherché sans résultats à prouver l’existence de telles traces chez l’animal avant d’y renoncer dans les années 1950. Et pour cause les moyens de l’époque ne sont pas ceux d’aujourd’hui et ne permettaient pas de progresser sur des sujets propres au cerveau.
Quelques années plus tard, l’étude de la mémoire et les avancées scientifiques progressant, ces dernières ont permis d’identifier l’hippocampe, une petite région cérébrale située au niveau du front, jouant rôle de dans certains types de mémoire.
Une expérience auprès d’un patient avait permis de révéler l’importance de cette zone. Cette expérience étant devenu célèbre, le patient évoqué dans celle-ci s’est fait appeler HM.
HM, souffrait d’épilepsie dite incurable et c’est dans ce contexte qu’un chirurgien lui avait retiré l’hippocampe du cerveau. Cette opération avait permis de mettre fin à son épilepsie mais avait entraîné un effet secondaire imprévu. Il perdit la capacité à former de nouveaux souvenirs. Pourtant, HM avait conservé ses souvenirs anciens intact, une intelligence normale, ainsi que la capacité d’apprendre des gestes complexes nouveaux (mémoire procédurale), sans d’ailleurs se souvenir qu’il les avait appris. De plus HM avait également perdu ses repères dans le temps et dans l’espace.
Depuis les chercheurs ont multiplié les expériences chez diverses espèces de mammifères et ont démontré que l’hippocampe joue un rôle essentiel dans la mémoire et en particulier celle de la localisation dans l’espace. Il existe des neurones à l’intérieur de l’hippocampe qui s’activent uniquement lorsque le sujet se trouve dans un lieu qu’il connaît, ou qu’il a déjà visité. Cette découverte de John O’Keefe lui a valu le prix Nobel de médecine 2014. Cette même année, il partagea cette distinction avec deux autres chercheurs. Ces derniers avaient mis en évidence, l’existence des neurones présents dans une région du cerveau voisine de l’hippocampe, qui créent un véritable quadrillage de l’espace, proche d’un système de coordonnées GPS.
Comment les neurones fonctionnent ils ?
De multiples travaux de laboratoires ont révélé que la mémorisation dépend en grande parti de la modification des synapses, les zones de contact au niveau desquelles un neurone peut communiquer avec un autre neurone.
Nous en avons près de 100 milliards de neurones dans notre cerveau !
Et chaque neurone de notre cerveau reçoit des milliers de synapses, porteurs d’informations, venant de nombreux autres neurones.
Ce qui nous donne environ 1 million de milliards de synapses au total !
C’est l’organisation de ces synapses qui détermine la façon dont le cerveau traite l’information. Ceci nous permet de penser, de sentir ou d’agir par exemple. Or leur efficacité est susceptible de changer avec l’expérience.
Par exemple :
Si un neurone est fortement sollicité et réceptif à la sollicitation, l’efficacité de celui-ci va être renforcée.
Vous pouvez voir l’organisation neuronale comme des branches au bout des quelles il y a des fruits. Ces fruits sont les informations, ou souvenir que vous recherchés. Plus vous allez solliciter ce souvenir faisant circuler le fruit de la branche jusqu’au tronc, plus vous allez fortifier la branche. Or moins vous solliciterez ce souvenir, ou cette compétence, plus la branche va s’affaiblir pour finir par casser.
Ce type d’adaptation d’efficacité des synapses, appelée plasticité synaptique, joue un rôle essentiel dans l’apprentissage et la mémoire. La répétition, ou encore l’entrainement est la clé d’une super mémoire.
Bonne nouvelle ! Aujourd’hui nous savons que c’est une propriété générale des synapses, que tout le monde possède.
La mémoire ne se situe pas uniquement dans une partie isolée du cerveau.
Même si l’hippocampe est indispensable au stockage initial des informations correspondant à la mémoire spatiale ou déclarative (chez l’homme), la plasticité synaptique de notre système nerveux n’est plus à prouver.
La plasticité synaptique qu’est-ce que c’est ? C’est en quelque sorte le plan de raccordement des communications nerveuses de notre corps, par lesquels circulent les informations et donc des fragments de notre mémoire. D’une certaine façon notre corps tout entier est une immense réserve de mémoire en mouvement constant. Le fait que ces informations circulent grâce à un système de connexion qui se redessine régulièrement en fonction des nouvelles informations arrivantes et de celles que l’on oublie, rend entre autre, notre cerveau très évolutif, un peu comme un muscle, c’est ce que nous appelons la plasticité neuronal/synaptique.
Cette découverte illustre bien la puissance extraordinaire de traitement d’information et d’apprentissage que permet notre système nerveux et ses innombrables connexions synaptiques évoluant en fonction de la sollicitation que l’on en fait.
Les progrès de la génétique moléculaire sont indéniables
Ainsi donc, les importants progrès réalisés dans la compréhension des mécanismes de l’apprentissage et de la mémoire permettent d’élucider petit à petit les mystères de la mémoire. Ces avancées sont aussi d’un grand secours à la médecine, notamment en ce qui concerne les troubles de la mémoire que l’on observe lors de diverses maladies du système nerveux. Parmi elles, vous connaissez certainement « la maladie d’Alzheimer », qui provoque des anomalies au niveau de plasticité synaptique dans l’hippocampe entrainant ainsi des pertes de mémoire.
Il existe également d’autres affections, comme les désordres liés aux stress post-traumatiques. Eux en revanche, sont liées à la formation de connections trop fortes (comme un souvenir très envahissant) à la suite d’événements traumatisants. Les recherches scientifiques sur les mécanismes de la mémoire, nous permettent de mieux comprendre et nous adapter avec des stratégies thérapeutiques inventes et moderne pour lutter contre de tels troubles. De plus les neurosciences nous permettent d’écarter certaines méthodes chimiques violentes et de mettre en avant des méthodes plus douces et respectueuses, qui souvent sont d’ailleurs bien plus efficaces, comme la sophrologie par exemple, permettant de réaliser un travail sur la conscience.