Sophrologie, Acupuncture, méditation ou hypnose, sont de plus en plus proposé, voir généralisé dans certains services hospitaliers. Mais ce n’est pas encore le cas partout. Dans certaines régions, hôpitaux ou services, on est en retard…
Car si la science et l’expérience a prouvé depuis longtemps l’efficacité de ces pratiques (là où elles ont été exercées), elles restent méconnues des services qui ne les ont jamais expérimentés. Et c’est justement cette méconnaissance qui freine certain médecins mal informés.
L’une des premières consultations d’acupuncture a vu le jour à l’hôpital Tenon, à Paris. Et c’était en 1976 !
La science européenne mal alaise à l’idée de reconnaitre l’efficacité de cette technique oriental, a appelé cette pratique « Analgésie par stimulation » C’est donc sous ce vocable un peu étrange que, à l’époque, certains praticiens s’installent en ville un peu partout, mais pas encore dans les centres de soins.

«J’ai entendu parler de l’acupuncture en 1972 par le Pr Pierre Huguenard, le père du Samu 94, explique le Dr Serge Rafal, qui est à l’origine de ce service.

Pierre revenait justement d’un long voyage d’étude réalisé en Chine et témoignait d’étonnantes opérations chirurgicales réalisées par nos lointains voisins chinois, sous ce qu’ils appellent « acupuncture ».

Nous, en Europe, nous venions tout juste de découvrir les endorphines, on commençait à s’intéresser sérieusement au phénomène de la douleur… »

C’est dans ce contexte que l’idée d’inclure l’acupuncture à l’hôpital, en complément d’autres traitements antidouleur, apparue.

Le Dr Serge Rafal :
« J’ai ouvert ce service en y intégrant ensuite l’homéopathie et la phytothérapie pour élargir le champ des indications médicales. La direction de l’époque a accepté sans problème. »

Aujourd’hui, les thérapies dites « non conventionnelles » ont fait du chemin à l’hôpital comme dans les entreprises et chez les particuliers.
Au centre hospitalier Sainte-Anne par exemple, à Paris, les séances de méditation de pleine conscience sont couramment utilisées pour traiter la dépression ;

À l’hôpital parisien Armand-Trousseau, l’hypnose vient en aide aux enfants migraineux ;

Au CHU de Strasbourg, le pôle de gynécologie obstétrique mise sur l’acupuncture pour réduire les douleurs de l’accouchement ;

A Villejuif, l’institut de cancérologie Gustave-Roussy propose l’auriculothérapie – acupuncture de l’oreille – et la sophrologie pour soulager douleurs et nausées…

Une attente des patients
Bref, marche vers une médecine plus consciencieuse, plus naturelle et plus douce, tournée vers le patient existe belle et bien.
Mais il est très difficile de mesurer le phénomène. Cela reste complexe de savoir qui, comment et combien de soignants dans les hôpitaux, utilisent réellement les thérapies non conventionnelles.
Et pour cause : l’implantation de ces techniques n’a pas été décidée par les hautes instances, de manière officielles et planifiée. En effet, ces initiatives viennent de la base. Ce sont les soignants eu même, qui constatent l’intérêt pour les patients, ont apporté ces techniques. Des médecins précurseurs donc, tel Serge Rafal, qui a compris très tôt le bienfait qu’apportent ces thérapies et ont souhaité répondre à une attente des patients déçus par une médecine classique. Car outre l’accoutumance et parfois l’inefficacité de la médecine conventionnelle, les patients lui reproche surtout son « tout médicament » et son lot d’effets secondaires prédominent.

Le Pr Alain Baumelou, le directeur du Centre intégré de médecine chinoise (acupuncture, massage, Qi Gong) à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. :
« En réalité, on est dans le flou total, il y a pourtant des recensements, mais ils sont assez peu précis. Le recensement le plus poussez est celui dirigé par Jean-Yves Fagon pour le compte de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris en 2012-2013. Ce dernier a montré qu’en région parisienne il y a un peu de tout et de partout, mais que l’on ne peut pas le chiffrer.
La raison en est simple, les pratiques non conventionnels ne sont pas toujours tarifés en tant que tel et les soignants à l’hôpital exercent le plus souvent dans le cadre de leur activité principale et donc pas en tant que : sophrologue, acuponcteur, hypnotiseur ou autre.
Bref, il reste difficile de savoir qui fait quoi. »

Les centres antidouleur à la pointe dans ce domaine
En revanche, c’est sans nul doute dans les centres antidouleur que la pratique de certaines méthodes non conventionnelles reste la plus courante et la mieux connue.
Une enquête nationale de la Société française d’étude et de traitement de la douleur, en 2014, a d’ailleurs démontré que 72 centres, sur les 134 qui ont répondu au questionnaire (donc un peu plus de 50% de la totalité des centres), proposaient un accès :
À l’acupuncture,
À l’hypnose,
À la mésothérapie
Et à l’ostéopathie.

Pour Nadine Attal, de l’hôpital Ambroise-Paré, à Boulogne : « ces thérapies dont l’innocuité (qui ne peut être nuisible) est quasi absolue et qui ne coûtent pas cher peuvent rendre de grands services aux patients intolérants aux traitements pharmacologiques classiques ». On comprend donc parfaitement leur succès. »

Ces méthodes sont moins cher, plus efficaces et naturelles donc sans effets négatifs.

En cancérologie aussi, les demandes des patients progressent continuellement !
Près de 60 % des malades feraient appel aux traitements non conventionnels, et ce souvent en dehors de l’hôpital.
Aussi, de plus en plus de structures les intègrent dans leurs soins de support en oncologie afin de répondre à cette attente légitime et d’éviter les prescriptions inappropriées.

La douleur, première cause de recours à ces traitements
Le seul bémol, c’est qu’il n’y a pas de soutien réel de ces praticiens, ni de la direction des hôpitaux, ni de la direction de l’Assistance Publique de manière générale. Disposant de peu de moyens. Les médecins et pratiquants professionnels travaille en réseau avec les services qui s’y intéressent. C’est ainsi par exemple qu’il est devenu courant d’effectuer des massages pour soulager les personnes souffrant de scléroses en plaques.
Autre problème soulevé par la communauté médicale :
L’indifférence des autorités académiques et administratives de notre pays. L’Agence nationale de sécurité du médicament concernant la prise en charge des douleurs de l’adulte, ne fait jamais mention des soins non conventionnels. Alors que justement, la douleur est la première cause de recours à ces traitements.